Les inondations

Les inondations : typologie

Les inondations par ruissellements de versants

La zone d’étude a connu plusieurs épisodes de ruissellements généralisés causant des dégâts majeurs dont les plus récents sont les suivants :

ÉvénementPériode de retour de la pluieType d’événement
9 et 10 décembre 1993> 20 ans Longue pluie d’hiver
29 au 31 janvier 19952 à 10 ansLongue pluie d’hiver
16 juin 199750 à 100 ansOrage localisé
26 décembre 1999100 ans Longue pluie d’hiver
10 mai 2000100 ansOrage localisé

Période de retour des différents évènements pluvieux sur le bassin versant de l’Austreberthe.

Ces épisodes de ruissellements majeurs ont touché aussi bien les communes des plateaux que celles de la vallée. Ainsi, par exemple, une commune comme Barentin pourtant située au bord de l’Austreberthe est beaucoup plus sensible aux coulées de boue provenant des plateaux qu’aux débordements de la rivière.

Les inondations de mai 2000 ont particulièrement marqué la population et ont provoqué la mort d’une personne sur le territoire (commune de Barentin). Une des conséquences majeures de cet évènement a été la déconstruction de 13 maisons en zone de risque majeur.

Les inondations par débordement de cours d’eau

Duclair – Mai 2000

L’Austreberthe est un des affluents en rive droite de la Seine en aval de Rouen.

Cette rivière est courte (18 km), relativement rapide et alimentée par la puissante nappe de la craie.

Ses étiages sont donc très soutenus, c’est à dire qu’en été, on ne note pas de baisse significative du niveau d’eau.

Ce type de rivière en elle-même connait des crues peu importantes (de l’ordre de 3 fois le module inter-annuel en moyenne pour les crues quinquennales), avec un temps de réponse très court des bassins versants.

On retrouve la trace dans les archives d’une première inondation majeure en 1348 qui a entrainé la destruction de tous les moulins de la vallée et des pertes humaines importantes.

D’autres dates ressortent mentionnant des inondations dans toute la vallée : 1905, 1910 et 1965 avant la séquence d’inondations majeures dans les années 90.

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Les constats sur les inondations du bassin versant, indiquent que les épisodes de juin 1997, décembre 1999 et mai 2000 restent les plus mémorables.

Les périodes de retour des différents épisodes de débordement de l’Austreberthe sont données pour l’ensemble du bassin de l’Austreberthe (station de Duclair) :

Épisodes pluvieuxPériode de retour par rapport au débit de l’Austreberthe
29 au 31 janvier 199510 ans
16 et 17 juin 199710 ans
26 décembre 199950 ans
10 et 11 mai 2000> 100 ans

Période de retour des différents évènements de crue de la rivière Austreberthe

L’analyse de la vulnérabilité des communes riveraines de l’Austreberthe aux débordements de cours d’eau par l’étude SCHAPI fait ressortir les éléments suivants :

  1. Pavilly est sensible aux inondations par le Saffimbec (affluent de l’Austreberthe).
  2. Villers Ecalles dans sa partie vallée est sensible aux inondations par débordement de l’Austreberthe.
  3. Duclair est essentiellement touchée par les débordements de l’Austreberthe en lien également avec le niveau d’eau de la Seine qui va jouer un rôle dans l’importance des inondations (selon que la crue de l’Austreberthe va coïncider avec une crue de la Seine ou non, une marée haute ou basse, des vents d’est ou d’ouest).
  4. Barentin semble plus touché par les ruissellements de versants que par les débordements de cours d’eau.

Mai 2000 : un évènement marquant

Les inondations du 10 Mai 2000 : un épisode douloureux et fondateur pour le SMBVAS.

La Seine-Maritime a connu plusieurs épisodes orageux consécutifs entre le 6 et le 12 mai 2000 qui ont engendré des dégâts considérables sur plusieurs bassins versants dont celui de l’Austreberthe.

Afin de rappeler la gravité de ces événements, quelques points particuliers sont exposés ci-dessous :

Trois crues significatives ont été enregistrées entre le 6 et le 12 mai sur la station hydrométrique de SAINT-PAER sur l’Austreberthe en amont du Paulu.

  1. première crue dans la soirée du 8 mai : La hauteur maximale a atteint 1230 mm vers 23h30. Cette crue correspond sensiblement à une crue instantanée décennale.
  2. deuxième crue dans la soirée du 9 mai : hauteur maximale enregistrée 820 mm vers 23 heures, équivalent à une crue quinquennale.
  3. troisième crue dans la nuit du 10 au 11 mai : La hauteur maximale enregistrée a atteint 1600 mm, soit 20 m3/s environ. La fréquence de retour de cet événement est au minimum vicennale.

Un relevé de terrain, réalisé au niveau de la voie SNCF au lieu dit Le Paulu, a permis d’évaluer l’ampleur de cette vague dont l’ordre de grandeur serait de 40 m3/s. Même si ce débit n’a pas tenu longtemps, il représente le double du débit de l’Austreberthe au maximum de la crue.

A l’exutoire de l’Austreberthe, à Duclair, les inondations constatées ont été importantes alors que le coefficient de marée n’était que de 55. Elles auraient pu être encore plus graves si le coefficient de marée avait été supérieur du fait du rehaussement de la ligne d’eau de la Seine (en particulier dans les périodes de Haute mer).

Et plus récemment ?

Le 22 janvier 2018, 25mm de pluie sont tombés en une matinée sur le bassin versant de l’Austreberthe. Ils sont venus s’ajouter à la pluviométrie importante du mois de Janvier, ayant déjà saturé les sols.

En a découlé l’épisode d’inondations par ruissellement le plus important depuis Mai 2000.

Découvrez le reportage vidéo du SMBVAS

Les facteurs aggravants

Habitations

Le bassin versant de l’Austreberthe, de part sa proximité avec Rouen, présente une urbanisation assez importante concentrée dans les fonds de vallées (densité de population de 165 habitant/km2).

L’analyse de l’évolution de l’occupation du sol entre 1973 et 2008 montre que les constructions ont augmenté de 60% sur le bassin versant.

L’imperméabilisation des sols se poursuit donc rapidement et il est plus que nécessaire de s’assurer que cette imperméabilisation sera « compensée » ou « réparée » avec un minimum d’impact afin que dans les zones où aucun ouvrage n’a été réalisé, la situation ne se dégrade pas et dans les zones où des ouvrages ont été réalisés, ceux-ci ne perdent pas de leur efficacité.
C’est pour s’assurer de cela que le SMBVAS a souhaité dédier un poste complet au volet urbain.

Orage Lotissement

L’agriculture

Impact du type de culture sur le ruissellement

Le type de culture présent sur le sol au moment d’un évènement pluvieux remarquable va avoir un effet radical sur la genèse des ruissellements.

Le tableau suivant synthétise les principaux éléments connus :

Culture Taux de couverture du sol Risque d’érosion / ruissellement Remarques
Hiver Printemps
Cultures d’hiver blé, escourgeon, colza Sol faiblement couvert Sol couvert Risque modéré travaux Importances des préparation du semis
Cultures de printemps  » non sarclées  » : lin, pois Sol nu Sol faiblement couvert Risque moyen Importance de la gestion de la parcelle post récolte. Érosion facilitée au printemps par un travail très fin du sol
Cultures de printemps  » sarclées  » : maïs fourrager, betteraves, pommes de terre Sol nu Sol faiblement couvert et inter rang large Risque fort Sol très tassé avant la récolte tardive

Choix de culture et risque d’érosion/ruissellement

Les cultures prédominantes sur le bassin versant de l’Austreberthe au moment ou survient un épisode pluviométrique remarquable vont avoir un effet aggravant sur les ruissellements. Les cultures de maïs, pomme de terre et betteraves sont les plus impactantes et en particulier les chantiers de récolte.

C’est pour œuvrer à la non aggravation des inondations par les activités agricoles que le SMBVAS a créé un volet agricole avec un animateur dédié.

Retournement des prairies

Entre 1973 et 2008, 40% des prairies ont disparu sur le territoire de l’Austreberthe, comme le montre l’exemple suivant sur le commune de Mesnil-Panneville (prairies en vert clair, cultures en jaune, zones urbaines en gris, forêts en vert foncé).

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Évolution de l’occupation des sols entre 1973 et 2008

En 2008 le territoire comptait encore 5 000 ha de prairies (contre 8 600 en 1973) mais cette protection du sol tend à disparaître. Ces prairies sont parfois localisées sur des parcelles stratégiques et leur retournement peut s’avérer catastrophique : c’est le cas en limite rural/urbain, comme sur cet exemple sur la commune de Limésy.

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En 1999 : mise en charge derrière le mur du cimetière

En 2000 : le mur rompt et une vague d’eau boueuse traverse la route et se déverse vers un lotissement

En 2010 : la prairie est labourée et le risque est aggravé pour le cimetière et pour les maisons en aval.

C’est pourquoi le SMBVAS demande aux agriculteurs, avant chaque retournement des prairies de le contacter, afin de vérifier les conséquences de ce retournement et de prévoir des mesures compensatoires nécessaires.

Les transformations du territoire

Ces quarante dernières années, le territoire a connu des transformation drastiques, aussi bien dans l’urbanisation croissante que dans la disparition des prairies. Mais, c’est aussi la création de grandes infrastructures, notamment de transport, qui est venue modifier l’aménagement du territoire.

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Quelques exemples

Les travaux de la nouvelle autoroute A150
Le Schéma Directeur Routier National approuvé par décret du 1er avril 1992 prévoyait la prolongation de la section de l’autoroute A 150 Rouen – Barentin jusqu’à l’autoroute A 29 Le Havre Saint Quentin.

Ce nouveau tronçon a pour objectif de délester l’actuelle route départementale RD6015 ( Ex RN15) et doit permettre de favoriser les relations entre les 3 espaces régionaux que sont les agglomérations du Havre, de Rouen et du Pays de Caux.

17 années auront été nécessaires pour que ce projet puisse se réaliser.
Les travaux proprement dits ont débuté en 2013 pour une mise en service en 2015. Cette nouvelle autoroute a un linéaire de 18,6 km dont un nouveau viaduc enjambant la vallée de l’Austreberthe à plus de 40 mètres de hauteur.

Compte tenu que le tracé de l’A150 coupe de nombreux talwegs soumis à un régime de crue torrentiel, le syndicat de bassin versant a demandé à être associé au projet pour s’assurer que ces importants travaux n’aggraveront pas la situation en terme de ruissellements et d’inondations pour les populations qui sont situées à l’aval !

Visiter le site de l’A150

L’aménagement foncier relatif à l’autoroute A150

En parallèle, le syndicat est associé à l’opération de l’aménagement foncier de l’A 150 (ex remembrement). Cette procédure est pilotée par le Conseil Général de Seine Maritime dont l’objectif est une redistribution des parcelles agricoles dont une grande partie est impactée par le tracé de l’A150 sur une surface de plus de 4000 Hectares.

Le syndicat de bassin versant s’assure que cet aménagement foncier permette de résoudre des disfonctionnements hydrauliques existants et qu’il n’aggrave surtout pas la situation en termes d’érosion, de ruissellements et d’inondations.

Le projet ferroviaire de la Ligne Nouvelle Paris Normandie.

Ce projet est actuellement en cours d’étude avec un objectif de la part de RFF de réalisation d’une nouvelle ligne entre Rouen et Yvetot à échéance 2025.